Malgré une tradition de réflexion sur le langage qui remonte à l’Antiquité, on a coutume de considérer que la linguistique ne s’est constituée comme discipline scientifique qu’au début du XXe siècle.

On invoque souvent le nom de Ferdinand de Saussure comme étant celui du « père fondateur » de la linguistique moderne. Jugement schématique, mais qui souligne la nouveauté radicale de l’enseignement que ce savant dispensait à Genève au tout début du XXe siècle et qui fut à la source de la constitution de la linguistique comme discipline autonome. Saussure a en effet été le premier à proposer une réflexion théorique générale sur le langage et sur les conditions de son étude, permettant ainsi l’instauration progressive d’une véritable démarche scientifique. À tel point que, jusque vers le milieu des années 1960, la linguistique structuraliste se présentera comme la « discipline pilote » des sciences humaines. Mais, dès la fin des années 1950, on assiste à l’émergence du courant des « grammaires formelles », qui se démarque de ces approches structuralistes et dont l’initiateur principal est Noam Chomsky avec sa « grammaire générative-transformationnelle ». Ce courant s’est ensuite diversifié, et a donné lieu à une série de modèles formels élaborés en vue d’applications informatiques. Parallèlement à cette prolifération théorique, très largement centrée sur la modélisation des faits de syntaxe, la linguistique a connu, à partir des années 1970, un élargissement notable de ses centres d’intérêt. Par-delà l’étude des formes de la langue, elle s’est en effet tournée vers la question du sens et de l’activité de langage par les locuteurs ainsi que vers des problématiques cognitives ; elle a par ailleurs élargi son champ d’investigation, par-delà la phrase, aux textes et aux discours. Cette extension progressive du champ d’étude a conduit à un foisonnement de théories et de concepts nouveaux.

Last modified: Saturday, 21 October 2023, 4:16 PM