L’approche actionnelle renferme un ensemble de choix méthodologiques qui  marque une évolution de l’approche communicative. «  Certains parlent de continuité d’autres de rupture ».[1] Faisant de la notion de tâche sa caractéristique fondamentale, cette approche préconise des situations mobilisant des compétences langagières dans un contexte qui favorise les échanges. « Par rapport aux exercices traditionnels centrés prioritairement sur des acquisitions linguistiques de vocabulaire et syntaxe, la tâche s’inscrit dans un cadre qui permet à l’apprenant d’être confronté à une activité contextualisée (par un lieu, une situation-problème, un objectif à atteindre…). Et cet effort de contextualisation de la tâche conforte notre thèse selon laquelle la perspective actionnelle est une forme de socialisation linguistique. »[2]

Cette socialisation linguistique se concrétise par des échanges dans un milieu contextualisé qui donne l’occasion à l’enseignant de faire le point sur les connaissances mobilisées par l’apprenant ainsi que sur son savoir-faire. Les fondements de cette approche peuvent être résumés comme suit :

« Profitant des percées en didactique des langues, en sciences du langage, et notamment en pragmatique et en sociolinguistique, cette perspective s’est inspirée des différents éclairages si bien qu’elle a créé un bouleversement dans l’enseignement-apprentissage : on n’étudie plus la langue comme objet, ou contenu, on n’y recourt pas uniquement pour communiquer un message et échanger avec un interlocuteur ; l’apprentissage s’effectue au fur et à mesure que l’apprenant s’adonne à des actions, d’où justement le qualificatif d’« actionnel » ; il réalise des tâches dans l’institution scolaire et en dehors. C’est ce qui va instaurer des changements, radicaux parfois, quant aux statuts des acteurs de la situation d’enseignement-apprentissage ; leurs rôles accusent des modifications majeures, de même que le rapport au savoir et au savoir-faire, qui sont reconsidérés sous un autre angle, plutôt notionnel-fonctionnel, et en particulier pragmatique. On se réfère désormais à l’usage, aux différentes situations de communication de la vie (qui ne sont pas uniquement scolaires), aux compétences langagières et non langagières, à l’agir avec et sur l’autre, à la mobilisation de toutes les ressources dont dispose l’apprenant afin, de communiquer, de concevoir et mener des projets, de résoudre des situations-problèmes, etc. »[3] Avec la perspective actionnelle, la grammaire a retrouvé sa place dans la didactique actuelle du français langue étrangère et seconde.



[1] Sourisseau, Jocelyne, « L’approche actionnelle: une démarche motivante en didactique des langues-cultures au service de l’insertion de l’étudiant étranger dans la ville », In : Synergies Roumanie n°8 - 2013 p. 15-30.

[2] Da Costa, Paulo, « Regards sur la perspective actionnelle », 2010, document disponible sur : http:/www.edufle.net/regards-sur-laperspective-html

[3] Boudabous, Mhadeb, « L’enseignement-apprentissage de la grammaire : de l’approche communicative à la perspective actionnelle, le cas de la classe de Terminale en Tunisie », In : Synergies France n° 12 - 2018 p. 49-66


Modifié le: dimanche 21 avril 2024, 14:26