Certains modèles de sémantique lexicale ne font pas l’hypothèse que les mots sont décomposables en atomes de sens. Selon les modèles dits relationnels, les mots constituent en eux-mêmes les unités minimales de sens. Leur signification peut être décrite non pas en les décomposant mais en les mettant en relation avec d’autres éléments du système lexical. Ces relations peuvent soit intervenir entre un élément général et un élément plus spécifique (hyponymie et méronymie) soit entre des mots d’un même niveau de spécificité (synonymie et antonymie).

 Hyponymie et méronymie

  • La relation d’hyponymie unit un mot général, l’hyperonyme, avec un mot plus spécifique, appelé son hyponyme. Par exemple, oiseau est l’hyperonyme de merle qui est son hyponyme. Dans la plupart des cas, l’hyperonyme dénote une catégorie dont l’hyponyme est l’une des sous-catégories. C’est pour cette raison qu’un hyperonyme possède généralement toute une série d’hyponymes (les membres de sa catégorie), qui sont entre eux des co-hyponymes. Par exemple, le mot oiseau a notamment pour co-hyponymes les mots merlemésangepigeonrossignol, etc. Dans la majorité des cas, la relation d’hyponymie s’établit sur plus de deux niveaux hiérarchiques. Par exemple, oiseau est lui-même l’hyponyme d’animal et merle est l’hyperonyme de merle à plastron. La relation d’hyponymie s’applique de manière transitive sur l’ensemble des niveaux de la hiérarchie. Par exemple, si merle est l’hyponyme d’oiseau qui est l’hyponyme d’animalmerle est également l’hyponyme d’animal. Dans les faits, les catégories n’incluent souvent pas plus de quatre à cinq niveaux hiérarchiques. Ainsi, la relation d’hyponymie fait directement intervenir nos capacités de catégorisation. Selon la théorie du prototype, la notion de prototype ne s’applique qu’à un niveau particulier de la hiérarchie des catégories. Par exemple, nous avons un prototype de la catégorie des oiseaux mais pas des animaux ni des merles. Ce niveau particulier, appelé le niveau de base, contient les mots les plus courts, les plus fréquents et également les premiers appris par les enfants. Enfin, étant donné que la catégorisation peut varier entre les locuteurs et les cultures, la relation d’hyponymie varie également. Ainsi, par exemple, si courgette est l’hyponyme de légume pour la plupart des locuteurs, il est l’hyponyme de fruit en botanique.
  • La relation de méronymie (relation partie-tout) fait également intervenir un terme générique et un autre plus spécifique, mais qui a la particularité d’être une partie par rapport à son tout. Par exemple, doigt est le méronyme de main qui est son holonyme. De par sa nature, la relation de méronymie ne peut s’appliquer qu’à des noms d’entités susceptibles d’être divisées en parties. Tout comme l’hyponymie, la méronymie est généralement transitive et unilatérale. En d’autres termes, si doigt est le méronyme de main qui est à son tour le méronyme de bras, alors doigt est également un méronyme de bras. Bien que plus spécifique que l’hyponymie, la relation de méronymie est capitale pour définir bon nombre de mots. Il semble par exemple très difficile de définir les mots seconde ou lundi sans faire référence à l’unité dont ils sont une partie (la minute et la semaine).

En résumé, il est question de deux relations de sens qui servent à relier un mot général à un mot spécifique. Il existe toutefois une différence importante entre elles. Si l’hyperonyme impose toutes ses propriétés à ses hyponymes, il n’en va pas de même de l’holonyme. Par exemple, si fleur (hyperonyme) a la propriété d’avoir des pétales, alors ses hyponymes comme violette et rose doivent en avoir également. En revanche, si locomotive (holonyme) a la propriété de rouler, il n’en va pas de même de tous ses méronymes comme pantographe et cabine, qui ne roulent pas individuellement.

Synonymie et antonymie

Lorsque deux mots de même niveau hiérarchique sont reliés, ils peuvent soit être dans une relation d’équivalence soit dans une relation d’opposition. Dans le premier cas on parle de synonymie et dans le second d’antonymie.

  • La relation de synonymie s’établit lorsqu’il y a équivalence de sens entre deux ou plusieurs mots (simples ou composés) dont la forme diffère. Par exemple, les mots orthophonie et logopédie sont des synonymes, tout comme les mots rhinite et rhume ou encore sommet et cime. Toutefois, ces exemples montrent également que la synonymie n’est jamais absolue entre deux termes. Par exemple, la paire logopédie et orthophonie fait intervenir le critère de la variation géographique : on parle d’orthophonie en France mais de logopédie dans d’autres régions francophones comme la Suisse et la Belgique. La paire rhinite et rhume illustre la différence qui existe entre langue générale et domaines de spécialité. S’il est parfaitement habituel pour un médecin de parler de la rhinite de ses patients, personne ne déclare avoir une rhinite à son voisin. Enfin, la dernière paire illustre le fait que les mots qui ont plus d’une signification comme sommet (on parle de polysémie) ont des synonymes différents pour chacune de leurs acceptions. Par exemple, le mot sommet est synonyme de cime dans l’expression « le sommet de la montagne » mais il est synonyme de maximum dans l’expression « le sommet de la bêtise ». Pour généraliser, on peut dire que s’il est possible que deux mots servent à désigner le même référent (comme voiture et bagnole ou astre du matin et astre du soir), deux mots différents n’ont pratiquement jamais le même sens. C’est pourquoi il est important d’adopter une approche triangulaire de la signification, qui différencie le sens (concept) de la référence (entité du monde). Par conséquent, la synonymie comme relation d’équivalence absolue de sens n’existe pas.
  • Enfin, l’antonymie désigne la relation par laquelle deux mots s’opposent comme grand et petitouvert et fermé ou encore mort et vivant. On distingue fréquemment deux types d’antonymes, en fonction de la nature de la relation d’opposition. Il y a premièrement les antonymes absolus ou complémentaires, dans lesquels la négation de l’un des mots de la paire implique nécessairement l’affirmation du second. Par exemple, si quelqu’un n’est pas mort alors il est nécessairement vivant. On leur oppose les antonymes gradables, pour lesquels l’opposition se fait au sein d’une série qui tolère l’existence de niveaux intermédiaires. Par exemple, si quelqu’un n’est pas grand, il n’est pas nécessairement petit, mais peut être simplement de taille moyenne. Dans la plupart des cas, le choix d’un terme sur l’échelle est relatif et dépend de normes socioculturelles. Par exemple, ce qui compte comme une grande maison dépend de l’endroit où l’on se trouve.

Modifié le: lundi 27 mai 2024, 15:16