Exercice 1

Les définitions lexicographiques par inclusion

Commenter les définitions suivantes, extraites de divers dictionnaires, en observant le rapport entre le défini et la périphrase définitionnelle.

1. bavarder v. intr. : parler beaucoup, de choses et d’autres (PR 2013).

2. conservation n. f. : action de conserver, de maintenir intact ou dans le même état (PR 2013).

3. fenouil n. m. : plante potagère aromatique (DFC 1975).

4. fourmi n. f. : insecte de quelques millimètres de long, vivant en société ou fourmilières, où l’on rencontre des reines fécondes et de nombreuses ouvrières sans ailes (Lexis 1979).

5. fourmi n. f. : insecte hyménoptère de petite taille vivant en colonies nombreuses (TLF).

6. fourmi n. f. : petit insecte, noir ou rouge, très actif, qui vit en société dans les fourmilières (Le Petit Robert des enfants, 1988).

7. patin n. m. : semelle munie d’une lame métallique que l’on fixe sous la chaussure pour glisser sur la glace (DFC 1975).

8. sapin n. m. : grand arbre résineux à feuillage persistant (DFC 1975).

9. sapin n. m. : arbre résineux au tronc grisâtre, commun dans les montagnes d’Europe occidentale entre 500 et 1 500 m, à feuilles persistantes portant deux lignes blanches en dessous (PLI 1989).

10. sapin n. m. : arbre conifère résineux de la famille des Abiétinées, à tronc droit et élevé, à écorce grisâtre et écailleuse, à branches plongeantes, à aiguilles persistantes, dont le fruit est un cône dressé et dont on rencontre de nombreuses variétés en moyenne montagne (TLF).

Corrigé

  • Les définitions par inclusion sont nécessairement formées de deux parties : l’incluant qui désigne la catégorie générale (le genre) dont relève l’objet à définir, et les traits spécifiques qui différencient les espèces entre elles. Elles s’appliquent aux noms mais aussi aux verbes (ex. bavarder), plus rarement aux adjectifs. Incluants : plante ou plante potagère (fenouil), insecte (fourmi), arbre résineux (sapin), parler (bavarder). Ces incluants (ou hyperonymes) représentent le genre prochain. Pour sapin, l’incluant correspondant au genre prochain est conifère (10) mais conifère, terme technique, moins connu que le mot à définir, relève de la classification botanique. Le DFC (8) et le PLI (9) préfèrent recourir à la périphrase arbre résineux (à peu près équivalente à conifère, même si tous les résineux ne sont pas des conifères) ; le TLF (10) cumule, dans un souci d’exactitude encyclopédique, les différents incluants (cf. aussi insecte hyménoptère pour fourmi). On voit les difficultés de l’application du système de l’inclusion lorsqu’un mot est engagé dans une taxinomie scientifique : doit-on privilégier les catégories du savoir (hyperonyme spécialisé), se satisfaire de la structuration de la langue générale ou mêler les deux types de classification ? Pour patin (7), l’incluant semelle est mal choisi : un patin à glace n’est pas une semelle (est-ce un dispositif ? une lame ? un type de chaussure ?).

  • Traits spécifiques : /aromatique/ pour fenouil, /de petite taille/ et /vivant en colonies nombreuses/ pour fourmi… Ces traits qui forment, en principe, la partie distinctive de la définition, sont de nature variée : marques descriptives (sapin : « à feuillage persistant », « au tronc grisâtre »), marques de localisation (sapin : « dont on rencontre de nombreuses variétés en moyenne montagne »), marques fonctionnelles (patin : « pour glisser sur la glace »), marques exprimant les modalités (bavarder : « beaucoup », « de choses et d’autres »). 
Le nombre de traits peut varier d’un dictionnaire à l’autre. En testant ainsi l’adéquation défini/définition, on peut distinguer :

  • les définitions hypospécifiques comme celles de fenouil et de sapin (8). Le nombre réduit de traits différenciateurs ne permet pas de séparer, par exemple, le fenouil du cerfeuil ou le sapin des espèces voisines ; les définitions suffisantes ou distinctives : sapin (9), fourmi (5) ; les définitions hyperspécifiques ou encyclopédiques : fourmi (4), sapin (10). Elles présentent un nombre élevé de traits, dont certains ne sont pas nécessaires pour l’identification du défini (par exemple, l’information sur les reines et les ouvrières dans la définition de fourmi que propose le Lexis).

La définition de fourmi (6) tirée du Petit Robert des enfants peut être jugée hyperspécifique ; elle présente un trait du stéréotype associé à fourmi /très actif/ (cf. le lien avec la phraséologie : un travail de fourmi, « inlassable et minutieux »). Les traits du stéréotype ne sont pas toujours des traits encyclopédiques. On notera que la définition 2 (conservation) mêle deux procédures : définition par inclusion de conserver (« maintenir intact ou dans le même état ») et définition morpho-sémantique de conservation (« action de conserver ») 

Exercice 2

L’analyse du sens en traits typiques

Qu’est-ce qu’un appartement ? Présenter le sens du mot sous forme d’une série de traits ordonnés par ordre de centralité.

Corrigé

Le classement des traits par ordre de centralité se fonde sur l’intuition de l’usager de la langue. Ce classement va du trait le plus central aux traits périphériques.

1. Un appartement est destiné à l’habitation.

2. Il est situé dans un immeuble.

3. Il est composé de plusieurs pièces (ce qui le distingue de studio).

4. Les pièces sont contiguës.

5. Il y a d’autres appartements dans l’immeuble.

6. Les pièces sont de plain-pied.

7. Il comporte une cuisine.

8. Il sert au logement d’une seule famille.

9. Il est d’un certain confort.

On remarque que les traits centraux ou typiques (de 1 à 4) coïncident avec les traits contenus dans la définition minimale (appelée aussi suffisante) de appartement telle qu’elle est représentée dans les dictionnaires. Les traits périphériques (de 6 à 9) sont ceux qui prêtent à discussion.



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