On présentera ici les principaux types de définitions, en suivant, pour l’essentiel, la classification établie par J. Rey-Debove.

  1. La définition par inclusion

La définition par inclusion (dite aussi hyperonymique ou logique) présente l’analyse du contenu dénotatif des unités lexicales ; elle a été traitée dans le cadre de la sémantique lexicale.

La définition de chameau (cf. Annexes) illustre ce type ; elle est composée de l’incluant désignant le genre dont relève l’objet à définir (« grand mammifère » dans le PR) et des traits spécifiques qui le distinguent des autres espèces du même genre : /ongulé/, /à une ou deux bosses dorsales/, /à pelage laineux/. Dans le PLI, la définition de chameau présente un ensemble de propriétés plus riche : /d’Asie centrale/, /à deux bosses graisseuses sur le dos/, /adapté à la vie dans les régions arides/, /où il sert de monture/, et /d’animal de trait/. Cette définition hyperspécifique est en rapport avec la visée encyclopédique du PLI que confirme la présence de l’illustration.

2. La définition métonymique

R. Martin groupe, sous le terme de définitions métonymiques, les définitions des mots exprimant la relation partie/tout et les définitions des termes collectifs. En voici quelques exemples (PR 2013).

  • Relation partie/tout :

abside : partie arrondie en hémicycle de certaines églises, derrière le chevet.

nuque : partie postérieure du cou, au-dessous de l’occiput.

adagio : morceau ou pièce musicale à exécuter dans un tempo lent.

  • Termes collectifs :

chambrée : l’ensemble des personnes qui couchent dans une même chambre.

chevelure : ensemble des cheveux.

barbe : poils du menton, des joues et de la lèvre supérieure.

Les méronymes sont définis par les mots tels que partie, morceau, pièce, les collectifs par ensemble ou l’indication du pluriel. Ces définitions ne sont pas des définitions par inclusion ; les définissants utilisés sont, selon l’analyse de J. Rey-Debove, de « faux-incluants » qui ne représentent pas la classe du référent (la nuque n’est pas une partie, la chevelure n’est pas un ensemble). Cependant la définition dans son ensemble est vraie10.

F. Gaudin et L. Guespin utilisent le terme définition partitive pour la relation partie/tout.

3. La définition morphosémantique 

La définition morphosémantique est réservée aux mots construits réguliers dont le sens est prédictible . Elle ne définit que l’affixe ou le lien de composition (en introduisant parfois un apport nouveau). En voici quelques illustrations tirées du PR 2013.

Mots dérivés :

bavardage : action de bavarder.

futilité : caractère futile.

comiquement : d’une manière comique (4°), risible.

bancaire : relatif aux banques, aux opérations de banque.

Mots composés :

porte-drapeau : [soldat] qui porte le drapeau d’un régiment.

phytophage : Zool. qui se nourrit de matières végétales.

Le procédé est économique puisque la définition renvoie aux composants ou au mot de base. Lorsque celui-ci est polysémique (comique), il peut être nécessaire de signaler l’acception adéquate (comique 4 « qui provoque le rire ») mais cela n’est pas toujours réalisé. Dans le cas des composés savants (phytophage), la définition donne les équivalents des éléments savants (en ce sens, elle pourrait être également rapprochée de la définition synonymique. Bien qu’il soit toujours possible de proposer une autre forme de définition pour les mots construits, la définition morphosémantique est, en raison de sa simplicité, très fréquente dans tous les dictionnaires. (Les auteurs du DFC et du Lexis ont jugé, pour leur part, inutile de définir nombre de dérivés réguliers.

Sur le plan pédagogique, la définition morphosémantique est d’un faible apport. Elle est relativement abstraite et peu explicite puisqu’elle diffère l’analyse du sens. De là, la présence dans les dictionnaires de définitions multiples, qui joignent à la définition morphosémantique une définition par inclusion (ex., PR 2013 conservation : action de conserver, de maintenir intact, dans le même état) ou une définition par synonymes (ex., PLI 2013 franchise : qualité de ce qui est franc ; sincérité).

4. La définition synonymique et antonymique

Ces définitions présentent une équivalence de contenu en tirant parti des relations de synonymie ou d’antonymie entre les unités lexicales.

Le recours à la définition synonymique est constant pour les termes marqués. Le lexicographe leur applique un traitement pseudo-bilingue, traduisant le terme marqué par un équivalent non marqué. Parfois, la définition juxtapose deux synonymes (définition multiple).

Les exemples suivants sont empruntés au PR 2013 :

falzar : Fam. pantalon.

flapi : Fam. épuisé, éreinté.

grailler (3) : Fam. manger.

hymen : Littér. et vieilli mariage.

Le procédé sert à assurer la norme, les termes non marqués (pantalon, épuisé, manger, mariage) faisant l’objet d’une définition par inclusion.

Cependant, l’élucidation du sens peut être compromise lorsque la circularité est trop courte, c’est-à-dire lorsque les définitions renvoient l’une à l’autre, comme le montrent ces extraits du PLI 2013 :

moquer : Litt. tourner en ridicule ; railler.

railler : tourner en ridicule ; se moquer de.

ridicule : tourner qqch, qqn en ridicule, se moquer d’eux en les présentant sous des aspects qui prêtent à rire.

La circularité des définitions s’observe également dans les définitions par inclusion (voir. les définitions de tirer, traîner, tracer dans le GLLF, GR, TLF, Lexis).

La définition par antonymes est couramment utilisée pour définir les dérivés négatifs (noms et adjectifs) :

  • Antonyme morphologique :

PR 2013

impolitesse : manque de politesse.

malhabile : qui manque d’habileté, de savoir-faire.

impoli : qui manque à la politesse.

inintelligent : qui n’est pas intelligent.

Ces définitions sont des définitions morphosémantiques d’opposition : elles renvoient au mot de base qui est l’antonyme morphologique et définissent l’affixe par des mots privatifs ou par la négation syntaxique.

  • Antonyme lexical :

sec : qui n’a pas ou peu d’humidité (Lexis).

lâcheté : manque de courage ; couardise (PLI).

5. La définition métalinguistique

Contrairement aux définitions précédentes, les définitions métalinguistiques parlent exclusivement du signe. Elles sont caractérisées :

  • soit par la présence dans la définition d’une copule explicite (autre que être) :

maniaque adj. et n. : se dit de quelqu’un qui a une idée fixe, bizarre ou perverse (DFC, Lexis).

sacré, e adj. : (avant le nom) Fam. sert à renforcer un terme injurieux (DFC, Lexis).

  • soit par l’apparition d’un incluant métalinguistique :

zzzz interj. : onomatopée notant un bruit continu […] (PR 2013).

zazou n. : surnom donné, v. 1945, aux jeunes gens qui se distinguaient par leur passion du jazz et leur allure excentrique (DH 2013).

cuillerée : Loc. Une cuillerée pour papa, une cuillerée pour maman, formule d’encouragement à manger, adressée aux jeunes enfants (PR 2013).

Ces définitions ne sont jamais substituables au défini comme le montre le test suivant : Cet homme était un zazou. *Cet homme était un surnom donné aux jeunes gens… Surnom ne classe pas le référent mais le signe zazou. 

Le lexicographe utilise obligatoirement la définition métalinguistique lorsqu’il traite des mots grammaticaux qui ne peuvent être analysés en termes d’inclusion sémantique. En revanche, la définition métalinguistique ne s’impose pas dans un certain nombre de cas. Dans la définition de maniaque, citée supra, « se dit de quelqu’un » pourrait être supprimé.

Dans les dictionnaires d’apprentissage apparaissent deux procédures destinées à contourner les difficultés de la définition traditionnelle :

  • La définition phrastique, en forme de phrase complète, inaugurée dans le dictionnaire anglais, le Collins Cobuild13 et que l’on retrouve, de façon sporadique, dans le Petit Robert des enfants14. Exemple : provoquer v. : 1 Provoquerquelque chose, c’est en être la cause […]. 2 Provoquer quelqu’un, c’est le pousser à réagir avec dureté et violence.
  • L’exemple glosé qui aboutit à la suppression de la définition, innovation introduite dans le Dictionnaire du français vivant15. Exemple : compter I, v. tr., 1 le berger compta ses moutons = en détermina le nombre. Cette pratique subsiste dans de nombreux dictionnaires pour enfants. Le Dictionnaire du français usuel de J. Picoche et J.-C. Rolland présente également le mot-vedette dans une phrase, suivie ou non d’une courte définition.

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