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7. LES NOUVELLES METHODES D’ENSEIGNEMENT DE LA PRONONCIATION

Selon Wachts (2011), la sociolinguistique (développée par Hymes en 1984) a influencé les récentes approches en FLE et elle s’est imposée comme l’une des théories de référence de la DLVE (Didactique des Langues Vivantes Étrangères) en empruntant le concept « d’acte de parole ». En effet, l’objectif de l’apprentissage d’une langue est d’utiliser cette langue comme instrument de communication en situation. On parle alors du paysage sonore, concept qui englobe « toutes les variations sonores produites par (…un) entourage (donné) dans différents types de situations de parole. (…) en gardant associés les deux faces de la production et de la réception du langage, il ouvre des perspectives nouvelles à la didactique de l’oral ». (Cuq, J.-P. (dir.), 2003, p : 195). À partir de ce moment et comme on verra à continuation, dans les récentes approches, l’apprenant doit connaître le type de situation dans laquelle il se trouve. Il doit employer la langue, selon leur interprétation de la situation et les différents facteurs qui interviennent dans le contexte donné.

 

7.1.LA METHODE VERBO-TONALE (MVT) OU LA METHODE ACOUSTIQUE

Cette méthode a été inventée par Peter Guberina à partir des expériences sur les malentendants. Ces recherches ont été utilisées comme une stratégie de correction phonétique dans l’enseignement des langues étrangères, en partant des recherches collectives dans le cadre de l’approche structuro-globale audiovisuel (SGAV).

La méthode verbo-tonale (MVT) ou la méthode acoustique est basée sur la relation entre la perception et la production. Elle permet de dire que si l’apprenant prononce mal, c’est parce qu’il n’entend pas correctement : soit le son est trop aigu, soit trop grave par rapport au degré acoustique de la perception (Renard, 1979, p. 55). L’erreur de l’apprenant est donc considérée comme un point de départ de cette méthode.

La phonation est directement liée à l’audition. Ainsi, la méthode verbo-tonale (MVT) prend en compte le facteur auditif. Elle a pour but de diriger l’audition des apprenants par le travail de restauration du son ou de l’énoncé modèle afin d’améliorer leur phonation. Les aspects de la prosodie jouent un rôle important dans cette méthode, contrairement aux méthodes analysées antérieurement. Pour cela, il est donc important de rééduquer ou d’entraîner l’oreille de l’apprenant en amenant à entendre autrement les sons que l’apprenant ne distingue pas. En effet, nos oreilles sont beaucoup plus sensibles aux sons que nous percevons souvent et qui existent déjà dans notre langue source.


Chaque individu est sourd au système phonologique d’une langue étrangère (Guimbretière, I., 1994, p. 48). C’est la raison pour laquelle la méthode verbo-tonale (MVT) s’intéresse particulièrement au principe de la surdité phonologique de la langue cible chez l’apprenant (Billière, M., 2008, p.25).

 Pour ce faire, l’enseignant peut intégrer l’apprentissage de la phonétique dans des situations réelles, affectives et diversifiées de communication, favorisant l’usage des activités prosodiques et des expressions faciales  ou de la gestualité liée à l’imitation de l’intonation et du rythme. Pour cela, l’enseignant doit, par exemple, proposer aux apprenants les activités basées sur les réactions pour qu’ils puissent s’exprimer entre eux ou sur la construction collective du sens d’un dialogue ou d’un   récit etc. Les

En   effet,   les apprenants doivent être déplacés au cœur des échanges aussi variés qu’authentiques. En effet, le vocabulaire doit être le plus approprié possible, de même que la phonétique et la syntaxe qui sont importants dans la communication sociale humaine, mais l’expression gestuelle, la mimique ou l’attitude sont également essentielles car elles permettent d’accéder au sens du message entendu plus facilement et d’être compris par les natifs. D’après Borrell et Alsignac (2002, p.165-166), « il arrive trop souvent que l’apprenant, sorti du contexte rassurant de sa classe, tente de mettre en pratique les connaissances lexicales et syntaxiques qu’il a apprises et se rende compte que les natifs ne le comprennent pas parce qu’il prononce mal ».

De plus, les erreurs des apprenants concernant la prononciation des phonèmes influencent souvent ceux inexistants dans leur langue maternelle. L’enseignant peut présenter aux apprenants l’enregistrement d’un natif afin d’éviter d’argumenter le risque de ces erreurs. Cette présentation permet aux apprenants de développer leur aptitude à reconnaître leurs erreurs et à être capable de les corriger. Les apprenants peuvent être également incités à prendre la parole de façon spontanée, sans modèle. Cette démarche leur permet de faciliter l’assimilation de nouveaux sons de la langue cible. Les activités de correction phonétique peuvent se faire en classe lors de chaque leçon, mais elles sont individualisées. Il s’agit d’un processus continu qui doit faire l’objet d’une éducation permanente (Renard, R., 2002, p. 15).

La perspective de la méthode verbo-tonale (MVT) ou acoustique innove par rapport aux méthodes précédentes qui ne prenaient pas en compte la correction dans des situations réelles de communication. Enfin, cette  méthode se réfère également à la phonétique combinatoire car elle considère que les sons s’influencent les uns les autres.

7.2. LA METHODE SILENCIEUSE OU « THE SILENT WAY »

La méthode silencieuse est une méthode d’enseignement général. Elle a été développée par Caleb Gattegno. Elle met en évidence la découverte sur un terrain inconnu de l’apprenant et le silence de l’enseignant (d’où son nom). Comme le signale Sandrine Wachts (2011) « l’enseignant ne transmet pas, à proprement parler, des connaissances, ni des modèles, ni des réponses. Il intervient quand il le juge nécessaire, de manière très succincte » (p. 193). C’est ainsi que l’apprentissage des connaissances retombe sur le propre développement des compétences de l’apprenant et de son autonomie, pendant que le rôle de l’enseignant reste au second plan.

 

Dans cette méthode, il faut remarquer les théories de Young (1990), professeur du Centre de Linguistique Appliquée de Besançon, qui a développé l’enseignement et l’apprentissage de la phonétique à travers la méthode silencieuse. Comme nous explique Wachts, (op.cit. p.193)

 

“On présente aux apprenants (sans modèle) les sons (par un système de couleurs, dit tableau Fidel), la combinaison des sons en mots (support visuel grâce à un système de bûchettes de différentes couleurs mises bout à bout), les mots en phrases, l’assemblage de l’accent et de l’intonation (support visuel du rythme et d’intonation par le même système de bûchettes), des correspondances graphie-phonie (toujours par l’intermédiaire d’un système de couleur). Pas d’utilisation de l’alphabet phonétique ni d’explications linguistiques.”

 

Grâce à l’association des couleurs et des bûchettes avec la prononciation des sons, du rythme et de l’intonation, l’élève doit se confronter tout seul aux possibles difficultés de la langue et de l’expression orale. Même si au début la méthode silencieuse a été considérée comme une méthode alternative pour les apprenants qui avaient des difficultés à apprendre avec des méthodologies ou approches plus traditionnelles, actuellement diverses institutions emploient cette méthode contrastée, notamment l’école Montessori.

 

7.3. LA SUGGESTOPEDIE

Développée par le psychiatre bulgare Lozanov dans les années 70, la suggestopédie repose sur des principes psychologiques, lesquels peuvent favoriser ou gêner l’apprentissage d’une langue étrangère. Cette approche propose d’améliorer autant que possible la situation d’apprentissage pour l’apprenant en réduisant son stress, bien au niveau interne de l’individu ou bien au niveau externe (relation avec les autres apprenants, la salle et son mobilier, etc.). Cette diminution de stress permettra d’annuler les blocages et de relâcher l’esprit de l’apprenant.

 

Dans le domaine de l’enseignement/apprentissage de la prononciation et, sans perdre de vue l’influence de la psychologie, la suggestopédie nous suggère de travailler avec les apprenants dans un environnement agréable et sans stress pour renforcer ainsi leur confiance et réduire les blocages psychologiques (la honte, timidité, etc.). Elle signale aussi que tous les sens sont nécessaires pour tout apprentissage, et avec les sons, ils favorisent l’association de la parole avec les autres sens. Il faudra donc favoriser les sens et les sons à travers l’apprentissage à écouter et à respirer. Selon leurs recherches, l’écoute accompagnée de musique classique favorise l’écoute attentive. Et l’apprentissage à respirer aide les élèves à gérer des situations de stress et à trouver un débit naturel en expression orale.

 


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